Le Pacte de Marrakech
Le 10 décembre, le « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » a été entériné à Marrakech par 165 pays. Il a été rejeté par dix pays : l’Australie, l’Autriche, la Hongrie, Israël, la Slovaquie, la Pologne, la Lituanie, la République dominicaine, la République tchèque et le Chili. Le 19 décembre, il a été ratifié par l’assemblée générale de l’ONU. 152 pays (sur 193) ont voté en faveur du pacte. Les cinq pays qui ont voté contre sont : les États-Unis, la Hongrie, Israël, la Pologne, et la République tchèque. L’Algérie, l’Australie, l’Autriche, la Bulgarie, le Chili, l’Italie, la Lettonie, la Libye, le Liechtenstein, la Roumanie, la Suisse et Singapour se sont abstenus. Dix autres pays, dont la République dominicaine et la Slovaquie, n’ont pas assisté au vote.
Nous sommes tous tombés d’accord sur l’analyse suivante :
Ce Pacte est idéologique.
Un des principes affichés est ainsi énoncé : « Nous reconnaissons qu’à l’heure de la mondialisation, les migrations sont facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable ».
Prospérité pour qui ? Innovation dans quels domaines ? Développement durable de qui de quoi ?Il s’agit même d’un véritable catéchisme qui s’appuie sur une intense propagande. Dans ce texte qui fixe 23 objectifs, on trouve 60 fois le mot respect, 21 fois le mot discrimination, 7 fois le mot racisme, 7 fois le mot xénophobie, 8 fois le mot inclusion etc.
Pour rassurer nos compatriotes qui manifestaient leur inquiétude, on a répété à l’envi que le texte de ce Pacte n’était pas contraignant. On trouve dans ce Pacte, l’expression « nous nous engageons » à 48 reprises.
S’il n’y a pas de contrainte juridique, il s’agit au moins d’un engagement moral. Et dans cette ère de gouvernement des juges où nous sommes désormais entrés, on imagine sans une excessive difficulté qu’il se trouvera bien un juge pour faire condamner la France sur la base de ce texte.
(Au sujet du « gouvernement des juges », cf. article d’Anne Le Pourhiet, paru dans la revue Causeur de novembre 2018, N°62)
L’immigration est un sujet qui a fissuré concrètement et continue de fissurer l’UE et les sociétés elles-mêmes.
Prêcher le bien aux populations qui seraient tentées par le mal, c’est ce que les « élites » ont fait depuis bientôt quarante ans. Cela fait des années et des années que l’on serine aux Français soit que l’immigration est un non-sujet, soit qu’elle est un phénomène humain positif pour le pays d’accueil.
Depuis des années, les différents responsables politiques qui se sont succédé ont pourtant tous affiché des objectifs clairs: immigration zéro au début des années 1980 (Marchais), 1990 (Juppé), immigration positive par principe et donc favorisée (« Une chance pour la France », la gauche dans son ensemble), immigration choisie (la droite), immigration contrôlée ou régulée…Résultat : néant ou pire.
Les citoyens perdent confiance, et parmi eux beaucoup perdent patience.
Cela fait aussi des années que de nombreuses enquêtes, réalisées par des instituts a priori à la rigueur scientifique reconnue, nous disent que les deux tiers des Français en âge de voter considèrent que l’immigration est un vrai sujet, et que, s’il peut lui arriver d’être un phénomène positif, il peut lui arriver aussi d’être quelque chose de négatif pour les Français.
Lors de son allocution télévisée du 10 décembre dernier, le Président de la République a demandé que s’ouvrent dans toute la France des débats autour de cinq thèmes, dont celui de l’immigration : « Je veux aussi que nous mettions d’accord la Nation avec elle-même sur ce qu’est son identité profonde, que nous abordions la question de l’immigration. Il nous faut l’affronter. »
Espérons qu’il y aura un vrai débat de fond qui n’escamotera rien et que les citoyens auront le dernier mot sur ce sujet !