Espoir en Centre-Afrique avec Catherine Samba-Panza élue présidente à la surprise générale
Issue de la société civile – elle n’est maire de Bangui que depuis sept mois -, cette femme « neutre » de 58 ans et diplômée d’Assas a fait l’essentiel de sa carrière dans les assurances.
C’est au terme du vote rapide d’un Conseil de transition sans grande légitimité, une personnalité inédite a fait, presque par hasard, son apparition dans un pays dévasté. Une femme, n’appartenant à aucune faction, occupe depuis le début de la semaine l’un des postes les plus difficiles qu’on puisse imaginer, celui de présidente de la RCA. Un poste obtenu à la barbe de Désiré Kolingba, fils d’un ancien président putschiste…
Personne ne sait exactement de quoi sera capable la nouvelle présidente. Élue pour une période limitée, elle est surtout chargée de remettre sur pied un semblant d’État, de désamorcer par sa neutralité les tensions et les haines afin de permettre l’élection de son successeur au plus tard en 2015.
«Ma gouvernance sera fondée sur des valeurs»
Son profil est presque inespéré dans un pays déchiré par la guerre confessionnelle. Née de père camerounais à Fort-Lamy, l’actuelle N’Djamena, elle grandit au Tchad avant de retourner en Centrafrique. «Je suis un pur produit de l’intégration sous-régionale puisque j’appartiens à trois pays, même si je n’ai qu’une seule nationalité.» Parlant arabe, nommée fin mai 2013 à la mairie de Bangui par Michel Djotodia, le président placé au pouvoir par l’ex-Séléka, elle est à même de rassurer une minorité musulmane dorénavant rejetée par la majorité de la population. «Je sais que j’ai mon franc-parler», expliquait-elle dans son bureau de la mairie de Bangui, quelques jours avant son élection. «On a dit que j’avais été placée à l’hôtel de ville par la Séléka. Mais je suis avant tout une personnalité indépendante. J’ai accepté ce poste parce que j’ai pensé que je pouvais avoir un rôle à jouer.» Elle incarne pour l’autre camp une alternative acceptable à un président Djotodia détesté. Cette relative neutralité lui donne pour quelque temps une marge de manœuvre relative, mais réelle.
La nomination de son gouvernement est attendue comme le premier signe de ses intentions politiques. Mais Catherine Samba-Panza utilise déjà un vocabulaire presque oublié en Centrafrique: «Ma gouvernance sera fondée sur des valeurs», a-t-elle annoncé, «l’éthique, la sincérité, l’orthodoxie financière, la maîtrise des dépenses, toutes les qualités d’une mère de famille».