Il faut voir ce que l’on voit
Défendre les principes des droits de l’homme et leur caractère universel est devenu, dans la France d’aujourd’hui, une véritable gageure, pour au moins trois raisons majeures.
En premier lieu, les pays occidentaux qui ont été les principaux artisans de leur élaboration et de leur mise en application dans leurs droits respectifs et qui ont longtemps considéré qu’il était de leur devoir de promouvoir ces principes dans l’humanité entière, ont perdu le magistère moral qu’ils prétendaient avoir, en même temps que leur hégémonie économique et militaire était de plus en plus contestée.
Ensuite, au nom du progrès, on a accédé aux revendications de groupes de pression, minoritaires mais influents, et on a inscrit le désir de telle ou telle minorité dans la loi, au nom des droits de l’homme.
Enfin, à l’intérieur-même des pays occidentaux, les droits émanant de nos principes sont désormais instrumentalisés, détournés et dévoyés par des idéologies qui promeuvent des valeurs opposées à celles qui sont à la source des droits de l’homme.
Étrange et funeste paradoxe d’une civilisation qui était fière, à juste titre, de faire progresser l’égale dignité de tous les hommes par la force de ses lois, et qui assiste, désemparée, au retournement de ses lois contre elle-même.
Des ennemis déclarés de la civilisation occidentale, les islamistes pour les appeler par leur nom, ont utilisé nos progrès, qu’ils soient scientifiques et techniques, ou moraux, pour les retourner contre nous. C’est ainsi qu’en 2001, ils se sont servis d’avions de ligne, symboles et réalisations pacifiques du progrès de l’esprit humain, pour en faire des vecteurs de mort. De la même façon, ils s’appuient sur nos progrès moraux, sur notre droit, visant à préserver la liberté et l’égale dignité de chacun, pour promouvoir des principes et des mœurs qui sont en contradiction avec les nôtres et que notre droit se trouve dans l’incapacité d’interdire.
Le port du voile par des mères musulmanes accompagnant des sorties scolaires est devenu une affaire nationale. C’est au nom de la liberté et de la laïcité, qu’elles invoquent le droit de l’arborer partout où la loi ne l’interdit pas. Le pays s’est divisé et se divise sur cette question.
Comment sortir de notre impuissance sans renier nos principes ?
Ne nous y trompons pas : le voile porté par les femmes musulmanes dans notre pays n’est rien d’autre que la manifestation d’une occupation politico-religieuse de notre espace public. Nous assistons depuis des années à l’affirmation sans cesse croissante d’un islam dont les adeptes s’affichent, se différencient, et se séparent de la majorité de la population française, par leur apparence et leurs mœurs. Ce voile dévoile de façon aveuglante un projet de séparatisme vis-à-vis des traditions françaises, et de prosélytisme visant à entraîner l’ensemble des musulmans vivant en France vers une pratique intégriste de leur foi. Non contents d’afficher leur différence d’avec la communauté nationale, des musulmans, dont on a du mal à distinguer s’ils sont partisans d’un islam modéré ou intégriste, se prétendent victimes de rejet dans la société française.
Il conviendrait que les leaders d’opinion chez les Français de culture musulmane comprennent les réticences, pour ne pas dire l’hostilité, de la majorité de leurs concitoyens qui ne sont pas de culture musulmane, face aux revendications d’affichage de la religion musulmane. On ne peut que regretter les récentes déclarations de Ladj Ly réalisateur des Misérables, parues le 20 novembre dernier dans le Blog Du Cinéma :
« Et les premières cibles une fois de plus, ce sont les femmes. Les femmes voilées qui ont rien demandé à personne et ont choisi de porter le voile. Quand j’entends qu’on « force les femmes à porter le voile », dans quel monde on vit ? Sortez de votre petit confort ! Venez voir comment ça se passe en banlieue ! Vous verrez que personne ne force à rien ! Ce sont des femmes qui s’assument, qui sont libres. »
Les Français, dans leur immense majorité, ne souhaitent pas interdire à des femmes musulmanes d’accompagner des sorties scolaires, mais ce qu’ils souhaitent, c’est qu’elles le fassent sans signe religieux ostentatoire. La France a une histoire, elle a connu des guerres de religion, particulièrement sanglantes, il y a déjà plus de quatre siècles. La religion catholique, quant à elle, s’est faite de plus en plus discrète tout au long du siècle dernier, réalisant enfin les mots de Victor Hugo, auquel Ladj Ly a repris le titre de son film, « L’État chez lui, l’Église chez elle ! ».
Malgré les appels continuels à l’apaisement, de plus en plus de Français ressentent une inquiétude croissante vis-à-vis de ce phénomène. Cette inquiétude vient évidemment du fait que les auteurs des attentats meurtriers qui ont ensanglanté la France depuis 2012 se sont réclamés de l’islam et que le nombre de musulmans vivant sur notre territoire connaît une croissance exponentielle : 300 000 au tout début des années soixante, environ 6 millions (les estimations varient entre 5 et 8 millions, ce dernier chiffre ayant été avancé par le CFCM), soit 20 fois plus en 60 ans.
Cette inquiétude s’accroît à partir du moment où ils constatent l’impuissance de leurs dirigeants face à la montée de ce radicalisme religieux. Notre droit, nos principes, notre esprit de tolérance, sont de plus en plus considérés comme des faiblesses face à la menace que constitue l’intégrisme musulman pour nos traditions et nos mœurs.
La Sidh considère que l’État ne doit plus céder un pouce de terrain aux revendications religieuses dans l’espace public, en refusant que des femmes portant un voile islamique puissent accompagner des sorties scolaires. Il en va de l’ordre public. Car si « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses », comme le stipule l’article 10 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en revanche, la condition en est que « leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », comme le signifie la fin du même article. Il revient donc au gouvernement de légiférer sur cette question qui a provoqué un trouble réel dans la société française, sans attendre une quinzaine d’années avant d’interdire à toute accompagnatrice scolaire de porter un voile islamique. Le temps presse.