Demande conjointe à la RDC de libération d’au moins 8 militants des droits humains
Depuis le 15 mars, au moins neuf militants de la société civile restent détenus au secret en République démocratique du Congo. Ces prisonniers politiques ne voient ni leurs avocats, ni leur famille et n’ont pas été présentés devant un juge. A Dakar, des organisations de défense des droits de l’homme (1) – dont la SIDH Sénégal – ont lancé une campagne pour leur libération immédiate.
DÉCLARATION CONJOINTE
République Démocratique du Congo : Les organisations de la société civile du Sénégal appellent à la libération immédiate des militants des droits humains détenus au secret depuis un mois.
Nous, organisations de la société civile et de défense des droits humains, demandons aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC) de libérer immédiatement et sans condition au moins huit militants des droits humains en détention au secret à Kinshasa et à Goma.
Ces militants sont détenus sans droits de visites, ni de leurs avocats encore moins des membres de leurs familles, en violation de l’article 18 de la Constitution congolaise de 2006, qui, tout en fixant les conditions d’arrestation et de détention, exige que les motifs de toute arrestation soient notifiés aux intéressés.
Ils ont été arrêtés le 15 mars 2015, lorsque la police militaire a pris d’assaut une conférence de presse et arrêté une trentaine de personnes, membres de La Jeunesse Pour Une Nouvelle Société (JNS), le Forum National de la Jeunesse Pour L’excellence (FNJE), Lutte pour le Changement (LUCHA), le mouvement sénégalais Y’en a marre, le mouvement burkinabé Balai Citoyen, un diplomate américain et des journalistes venus couvrir l’événement.
Le 17 mars 2015, 10 autres militants de LUCHA ont été arrêtés à Goma (Province du Nord-Kivu, Est de la RDC) alors qu’ils protestaient devant le bureau provincial de l’Agence nationale des renseignements (ANR) contre les arrestations de leurs collègues à Kinshasa. L’un d’eux, Serge Sivya, a été enlevé à Goma le 22 mars. Il a été libéré trois jours plus tard, après avoir été interrogé sur les activités de « LUCHA », « Y’en a marre » et « Balai Citoyen ».
Les autres personnes arrêtées ont été relâchées, notamment des militants sénégalais et burkinabé, qui ont été expulsés le 18 mars. Il s’agissait notamment de Fadel Barro, Aliou Sane et Malal Talla, de ‘’Y’en a marre’’, et Ouedraogo Sibiri, du collectif burkinabé ‘’Balai citoyen’’.
Nous, organisations de défense des droits humains et mouvements de jeunes, lançons une campagne en faveur de la libération de jeunes défenseurs congolais des droits humains qui sont détenus au secret depuis 30 jours, en République démocratique du Congo (RDC).
Au cours de la campagne, les membres et sympathisants de nos mouvements et organisations, ainsi que les autres citoyens, pourront signer une pétition, écrire aux autorités congolaises et envoyer des messages de solidarité aux détenus dans les réseaux sociaux.
Nous invitons les défenseurs des droits humains, les jeunes activistes africains et le grand public à nous rejoindre dans cette campagne et d’exprimer leur solidarité envers les défenseurs des droits humains détenus au secret.
Nous, organisations signataires de cette présente déclaration, demandons aux autorités de la République Démocratique du Congo de :
- Libérer tous les militants des droits humains en détention au secret à Kinshasa et Goma, ou de les inculper d’une infraction dûment reconnue ;
- De respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique
- Cesser les arrestations arbitraires et la persécution contre ceux qui exercent leurs droits fondamentaux.
- Respecter l’état de droit, faire respecter les droits garantis par la Constitution de la RDC et remplir leurs obligations au regard des normes régionales et internationales relatives aux droits humains.
Fait à Dakar, le 13 Avril 2015
ORGANISATIONS SIGNATAIRES
- Amnesty International Sénégal
- Article 19, Bureau Afrique de l’Ouest
- Société Internationale des Droits de l’homme, Section Sénégal
- Le mouvement Y’en A Marre
- Gra Redep
(1) Amnesty International Sénégal, Article 19, Bureau Afrique de l’Ouest, Le mouvement Y’en A Marre et Gra Redep.
Lire l’article de RFI sur le sujet : http://www.rfi.fr/afrique/20150414-dakar-y-marre-exige-liberation-militants-kinshasa-rdc-burkina-filimbi-kabila/